Général, Mode de vie

Je ne suis pas mes diplômes

Auparavant, par réflexe ou par désir de conformité, j’avais tendance à m’identifier aux diplômes obtenus et m’ayant menée à l’endroit où je suis actuellement. «Je suis technicienne de laboratoire», «Je suis chimiste» et «Je suis gestionnaire de projets» sont des phrases qui franchissaient régulièrement le pas de ma bouche. Rendons-nous à l’évidence: je suis un être beaucoup plus complexe et entier que ce qu’un bout de papier officiel pourrait laisser penser. Loin de moi l’idée de dire que je ne suis pas fière d’avoir fait les efforts pour obtenir ces reconnaissances qui me permettent d’aspirer à mieux, mais je crois que cela va au-delà du titre. Même s’ils occupent une place importante de notre quotidien, notre travail et notre/nos diplôme(s) ne nous définissent pas et ne déterminent pas la personne ce que nous deviendrons.

J’ai terminé il y a peu de temps une lecture sur Steve Jobs et son leadership particulier (Que ferait Steve Jobs à ma place? écrit par Peter Sander) et l’un des chapitres m’a particulièrement marqué. Il y était dit que, lors des processus d’embauche, Steve favorisait beaucoup la diversité des personnes et des expériences. À ses yeux, une personne sans diplôme universitaire, mais ayant vécu plusieurs expériences de vie, pouvait surpasser une personne très qualifiée, mais ayant une vision plus étroite du monde. Un individu passionné par des sujets variés avait donc la capacité de combiner ses multiples champs d’intérêt et apprentissages afin de faire avancer les choses. Les candidats démontrant une plus grande ouverture sur le monde avaient également une meilleure vue d’ensemble de l’humanité et de ses enjeux. Ayant participé à l’embauche de plus de 5 000 personnes dans sa carrière, il s’est toujours montré plus intéressé à leur façon de répondre aux questions plutôt qu’aux réponses en elles-mêmes.

Et c’est ce que j’essaie d’expliciter ici, par cet article. Les diplômes nous donnent une base de connaissance incroyable, je ne dis pas le contraire. Cependant, nous sommes les forgerons qui allons déterminer comment ces apprentissages façonneront notre futur. C’est notre manière d’utiliser et de mettre en application ces connaissances qui aura un impact sur notre évolution en tant qu’individu. Les expériences que nous avons la chance de vivre ainsi que nos réactions face à celles-ci viendront s’ajouter à notre bagage de connaissances acquises. L’école nous enseigne des concepts théoriques fondamentaux, mais l’école de la vie nous apprend à les mettre en pratique dans un contexte réel et concret. Nous sommes donc l’amalgame de nos apprentissages, autant officiels qu’officieux.

Je suis la somme de mes expériences et de mes voyages. Je rapporte avec moi un peu de chaque endroit que j’ai eu la chance de visiter. Je suis l’hospitalité et l’accueil chaleureux des Mexicaines et des Mexicains. J’ai le pas rapide et l’ambition des habitants de la Grosse Pomme. J’ai le caractère décontracté et la légèreté des gens de l’Ouest canadien. Je suis épicurienne et je sais apprécier les bonnes choses comme nos cousins les Français. J’ai le sang chaud et l’âme d’une séductrice comme les Italiens et les Italiennes. Je sais profiter de la vie et de ses plaisirs comme les habitants de la République dominicaine. J’ai l’âme et les bras accueillants comme les Saguenéens et les Jeannois, l’endroit qui m’a vu naître et grandir.

Je conserve aussi avec moi une petite parcelle de chaque rencontre déterminante, de chaque personne ayant marqué mon chemin. Je suis un peu (beaucoup) de ma mère et de sa force de caractère. J’ai hérité du caractère analytique et réfléchi de mon père. J’incarne mon professeur de sciences du secondaire qui m’a orienté vers un baccalauréat en chimie. Je suis un peu du caractère fonceur et de l’esprit libre de mon amie Myriam. Mes habiletés de communicatrice rendent hommage à mes enseignants du primaire qui me reprochaient de trop discuter en classe. Je m’inspire au quotidien de la gentillesse et de la douceur de mon amie Manon ainsi que de la générosité de mon amie Andréanne.

Il m’arrive encore de me sentir anormale de ne pas savoir ce que je veux faire exactement, après tout ce temps investi dans mes études (neuf ans, ce n’est pas rien!). Ni même de savoir si je désire réellement travailler dans l’un de ces domaines. La culpabilité me gagne, car j’ai l’impression d’avoir perdu mon temps pendant toutes ces années. Mais, je ne serais pas exactement à l’endroit où je suis, avec les personnes que j’ai autour de moi, si je n’avais pas vécu chacune de ces étapes. Chaque diplôme et chaque formation m’auront permis d’apprendre sur moi-même et de faire la connaissance de personnes incroyables que je n’aurais pas rencontrées autrement. Tout comme les échecs, les sentiers parcourus nous mènent là où nous devons aller, même si nous avons parfois l’impression de n’aller nulle part. Tout finira par avoir du sens un jour ou l’autre, quand tous les morceaux prendront la place qui leur revient.

Quand nous rencontrons une nouvelle personne, l’une de nos premières questions est souvent: Tu fais quoi dans la vie? J’aimerais qu’à l’avenir on se demande plutôt «Tu ES quoi dans la vie?». Es-tu heureux? Es-tu épanoui? Dès que tu ouvres les yeux le matin, es-tu enthousiaste en pensant à ce que te réserve la journée? Une chose est certaine, peu importe ce que je FAIS dans la vie, je veux ÊTRE heureuse à 100% en le réalisant. Que je sois chimiste ou couturière, chef de projets ou technicienne de laboratoire, si je ne suis pas heureuse et épanouie, le chemin parcouru aura été vain. À l’avenir, je veux être plus que mon titre.

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