Jeune femme avec un regard mystérieux, devant un édifice en brique de couleur crème.
Voyages

«Pourquoi oser le voyage solo»

Cet été, pour la première fois, j’ai voyagé avec mon sac à dos à l’international. Cela faisait des années que j’y pensais, mais j’ai franchi le pas en ne réservant que deux billets d’avion: un pour l’aller YUL-BRU, un pour le retour AMS-YUL. Bref, cet été, pour la première fois, j’ai voyagé solo (tout comme Sophie).

Je me suis promenée à travers la Flandre historique, l’inoubliable ville de Berlin, ainsi qu’une petite partie des Pays-Bas, en Hollande du Nord. Comment? À pied, à vélo, en métro, en tramway, en autobus et surtout, en train. C’est comme ça qu’entre le 31 juillet et le 1er août, je me suis retrouvée dans un vieux train de nuit, sans électricité ni eau courante, à trinquer avec deux inconnues m’ayant offert du vin pour célébrer nos aventures et étapes de vie respectives. C’est aussi comme ça qu’après une nuit blanche, je suis sortie du train à 6h20 du matin, prête à commencer ma journée.

Anhalter Bahnhof, Berlin, à 7 h 16 du matin.
Anhalter Bahnhof à 7 h 16 du matin, par © Roxanne Leduc

Je me suis levée chaque matin avec des camarades des quatre coins du monde: camarades aux visages différents à chaque coucher. Si cela peut créer le contexte parfait pour ressentir de la nostalgie, c’est aussi là que la magie du voyage se retrouve: dans l’éphémérité du moment présent. Rares sont les autres contextes de vie où l’on peut se retrouver à veiller dans un parc jusqu’au petit matin, une bière à la main, avec une camarade qu’on a rencontré le soir même. De petits moments, tant recherchés, d’insouciance encapsulée.

Temps d'arrêt à Vondelpark, Amsterdam.
Temps d’arrêt à Vondelpark, par © Roxanne Leduc

Dans les restaurants, les marchés, les trains et les musées, les locaux·ales se sentent beaucoup moins intimidé·es pour nous parler; et, voyageant solo, on se sent de base plus enclin·e à rechercher la conversation. Alors au détour d’une rue, on se laisse surprendre à accepter l’invitation spontanée d’un peintre à visiter son atelier et même, sa cour arrière. En quelques minutes seulement, on se retrouve à rire aux éclats avec les serveur·ses du restaurant et les vendeur·ses dans une boutique, à se raconter nos mésaventures respectives. On apprend qu’elles et eux aussi se sont déjà rendus dans les villes que nous prévoyons visiter et puis, la conversation repart de plus belle…

Voyager solo, c’est donc plein de petits moments gravés dans notre mémoire: de personnes que l’on ne reverra probablement jamais, mais qui, sans le savoir, nous ont marquées à vie. On quitte les pays que l’on a visités, parfois avec la hâte d’aller de l’avant, parfois avec le cœur serré de laisser derrière tant d’êtres humains merveilleux. Voyager solo, c’est ne jamais se sentir seule.

Voyager solo, c’est aussi être bien en sa propre compagnie et choisir d’avoir ses moments à soi, lorsqu’on en a envie. On peut laisser nos pensées vagabonder, les laisser se promener et s’éparpiller au gré du vent, sans se sentir forcé·e de maintenir en tout temps une conversation avec le monde extérieur. C’est ainsi qu’à la manière d’un pèlerinage, on peut se laisser aller à l’introspection et à la nostalgie, tout en vivant pleinement le moment présent. Sans compromis à faire avec autrui, on apprend à mieux écouter son corps, sa fatigue, ses besoins et ses désirs. À son rythme, on peut visiter et se reposer… et rien de mieux qu’explorer et découvrir la ville au fil des suggestions de nos camarades d’auberge et des locaux·ales. Ces expériences humaines n’ont pas de prix.

Si je vous partage mon expérience, c’est parce que voyager solo fut l’une des plus belles expériences de ma vie, et je ne regrette aucunement mon achat de billets d’avion. Pour les personnes qui le peuvent, mais qui hésitent encore à franchir le pas: OSEZ!

Article écrit par Roxanne Leduc (@roxanne.leduc)

Photo de couverture prise par Duo Chen (@heyitsduo)

Éditions «Semer pour le mieux» (@semerpourlemieux, site Web)

Née en Chine et adoptée de parents québécois, Roxanne Leduc grandit à mi-chemin entre un petit village en Montérégie et un village encore plus petit dans le Bas‑Saint‑Laurent. Elle s’établit ensuite à Montréal en 2018, dans le cadre de ses études en psychologie. Elle a à son actif deux publications dans des collectifs de poésie aux éditions «Semer pour le mieux» (anciennement les éditions Guillotta): «Acte de présence» (2023) et «Point de contact» (2024). Outre son domaine d’études et de recherche, ses champs d’intérêt incluent la littérature, la musique, le cinéma et l’histoire.

1 commentaire

  1. Lise Mongrain Martin a dit :

    Félicitations Roxanne tu as une belle plume, très intéressant de te lire, une belle ouverture d’esprit à côtoyer des gens inconnus et connaître leurs histoires tout en visitant des endroits moins connus de nous, on dit que les voyages forment la jeunesse, lâche pas ma belle.

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