Coucher de soleil au Nicaragua, avec un ciel aux teintes de barbe à papa.
Voyages

Journal de bord – Mon voyage solo au Nicaragua

Avant d’aller plus loin, je dois d’abord me confesser et faire amende honorable auprès de vous, chers lecteurs. Je vous répète depuis le début de cette série d’articles, dans celui-ci et celui-là, que j’ai fait mon premier voyage solo. Je suis effectivement partie seule, mais j’ai rencontré un super partenaire de voyage la deuxième journée de mon périple, et celui-ci s’est joint à moi pour les trois semaines suivantes. Après son retour au Canada, je me suis liée d’amitié avec des Européennes avec qui j’ai passé quelques jours, pour un grand total de trois jours toute seule overall. Je me sentais donc illégitime de prétendre que j’ai voyagé en solitaire, mais maintenant vous savez tout. Je voudrais toutefois nuancer cette affirmation en vous partageant la réflexion qui a émergé de ce sentiment d’illégitimité. Est-ce que le but de voyager solo est vraiment de voyager en solo?  En partant seul à l’aventure, le but n’est-il pas d’ouvrir la porte à de nouvelles rencontres qui pourraient potentiellement changer notre vie et notre vision du monde?

Happiness is only real, when shared. – Christopher McCandless


Mis à part lors de ce voyage solo, l’année 2024 m’aura permis d’apprendre à composer avec les aléas de la météo, qui n’en fait souvent qu’à sa tête. J’ai dû travailler sur quelques événements sous une pluie battante, en conservant mon sourire et ma bonne humeur, parce que «the show must go on». Voyager dans un pays au climat tropical comme le Nicaragua pendant la saison des pluies amène aussi son lot de résilience et de compromis. Il ne faut surtout pas s’y arrêter, il faut plutôt adapter ses activités ou son habillement en conséquence. En effet, c’est pendant cette saison que la nature est la plus luxuriante, alors il faut apprendre à vivre avec ces intempéries pour pouvoir apprécier toute sa beauté. Au risque de paraître quétaine à souhait (je m’assume): la vie, ce n’est pas d’attendre que l’orage passe, c’est d’apprendre à danser sous la pluie.


À l’aube de ce premier voyage solo, la personne introvertie que je suis a eu besoin d’un temps d’adaptation. En effet, comme ce trait de personnalité nécessite du temps seul afin de se ressourcer et de faire le plein d’énergie, dormir en dortoir dans des auberges de jeunesse peut amener certains enjeux. Bien que ce genre d’hébergement soit idéal pour rencontrer d’autres voyageurs, il faut avouer que l’intimité y est plus difficile à trouver.  J’ai toutefois réussi à développer des stratégies pour m’évader lorsque le besoin se faisait sentir, et mon besoin de solitude s’est atténué peu à peu. Mon système digestif a aussi éprouvé quelques difficultés à s’adapter à la nourriture locale et aux normes sanitaires, qui sont bien différentes des nôtres. Une des leçons que j’ai pu en tirer, ou plutôt un apprentissage que j’ai fait, est que l’être humain arrive à s’adapter à tout. Dans la vie comme en voyage, on arrive à s’habituer à plusieurs situations et nouveautés qui nous sortent de notre zone de confort, il faut juste se laisser le temps.

  • On s’habitue à devoir prendre des douches froides, et on finit même par en être reconnaissant #climatropical (fun fact: encore à ce jour, je ne suis plus capable de prendre ma douche aussi chaude qu’avant);
  • On s’habitue à jeter son papier de toilette dans la poubelle et non dans la cuvette;
  • On s’habitue à dormir dans un dortoir avec 3, 7, 9 ou même 13 autres personnes;
  • On s’habitue à ne pas mettre l’eau du robinet dans sa bouche, même dans la douche;
  • On s’habitue à un climat tropical, au point de ne plus autant ressentir les canicules locales.


Toutes ces raisons ont fait que ce voyage solo ne s’est pas tout à fait déroulé comme prévu et que j’ai dû revoir mes idées de grandeur à la baisse. Ce changement de cap m’a toutefois permis de prendre du recul et de mettre les choses en perspective afin de cogiter sur certains aspects de ma vie. L’immensité de l’océan force à l’introspection et est une source d’apaisement naturelle pour moi. Ce géant bleu fait ce qu’il a à faire sans se soucier du reste; il ne perd pas sa force même lorsqu’il se bute à des obstacles. Pendant ce voyage, autant intérieur qu’extérieur, j’ai pris le temps d’accueillir et de vivre chacune des émotions qui ont croisé ma route. Il y a des moments où je me sentais entièrement présente et bien. D’autres où je me sentais anxieuse et où mon esprit vagabondait au passé ou au présent. J’aurais parfois tout donné pour être à la maison alors qu’à d’autres moments je redoutais le retour à la réalité. Certains jours, le besoin de solitude dominait, tandis qu’à d’autres moments, je ressentais le besoin de m’entourer d’autres humains et de créer des liens. L’accueil de mes émotions sans résistance m’a aussi fait réaliser que l’appréciation d’un endroit dépend beaucoup de notre état d’esprit, et que c’est correct ainsi.

Ce changement de direction a aussi été l’occasion de découvrir et de mettre en application le slow travel, une façon de voyager qui incarne la lenteur et la douceur. Contrairement à mes croyances initiales, j’ai réalisé qu’il n’est pas nécessaire d’être «sur la go» tous les jours quand on voyage sur une aussi longue période. En fait, c’est pratiquement impossible et peu souhaitable. À intervalle régulier, un temps d’arrêt est nécessaire pour se reposer, faire la lessive ou l’épicerie, réorganiser son sac ou tout simplement ne rien faire. En ayant du temps devant nous et une mentalité moins basée sur la performance, on peut choisir des moyens de transport plus lents, mais plus abordables, et se mêler à la population locale. Ces jours de transition deviennent une partie intégrante de l’expérience et permettent une immersion au cœur de la culture du pays, tout en prenant le temps de recharger nos batteries.

En parlant de performance, je dois avouer qu’il m’est arrivé de ressentir de l’anxiété de performance en discutant avec d’autres voyageurs. Avec mon «petit» voyage solo de 28 jours, je ne me sentais pas à la hauteur à côté de ceux partis à l’aventure pour six mois, un an ou même sans date de retour. Je ressentais presque de la culpabilité avec ma hâte d’être à la maison, dans ma routine sécurisante et en territoire connu. Mon côté rationnel m’a ramené à l’ordre et m’a fait réaliser qu’il existe autant de façon de voyager qu’il existe de voyageurs. Chacune d’elles est valide tant qu’elle nous procure de la satisfaction et du bonheur. Le reste importe peu…

J’espère que ce troisième et dernier article sur mon voyage solo au Nicaragua, à saveur plus intime et personnelle, vous aura plu. Peut-être que cet accès privilégié à mes pensées et à mes impressions de nouvelle voyageuse solo vous aura même permis de vous reconnaître dans certaines réflexions. On se dit à bientôt pour un prochain voyage… Hasta pronto!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *