Je suis dans une période de ma vie un peu particulière. À 28 ans, je me retrouve entre deux catégories de personnes diamétralement opposées: le clan des gens qui sont encore aux études et celui des individus qui font partie de l’aventure «maison et enfants». Ayant terminé mes études (pour le moment du moins) et occupant un emploi à temps plein, j’avoue ne m’identifier à aucun des deux. Il m’arrive même parfois de me sentir comme une extraterrestre, de sentir que je ne trouve pas ma place, avec mes pensées un peu non conventionnelles. Bien que les mœurs aient beaucoup évolué, nous vivons tout de même dans une société qui nous impose subtilement d’entrer dans un certain moule, de nous conformer à certains standards établis. Ceux qui en dérogent ou osent créer leur propre moule sont souvent perçus comme des hurluberlus ou des marginaux.
Qu’est-ce qui arrive si, du haut de mes 28 ans, je n’ai pas envie d’avoir des enfants, de contracter une hypothèque ou de m’enliser dans un mode de vie qui ne me convient pas et me donne l’impression d’étouffer? Que se passe-t-il si, de mon point de vue, payer 10 000$ de loyer par année n’est pas une perte d’argent, mais plutôt un gain de liberté? Que fait-on si je n’ai pas envie de m’embarquer dans 25 années de dettes, de privations et de remise en question de mes choix de vie? Dans quelle catégorie vais-je me retrouver si pour moi l’idée de devoir m’occuper d’une autre personne pendant les 18 prochaines années me donne des sueurs froides?
La société nous impose une telle pression, parfois sans même le vouloir, que j’ai récemment remis en question mes propres convictions. Après mon déménagement, une personne avec qui j’ai discuté me signifiait qu’en déboursant 900$ de loyer par mois, dans 10 ans, j’aurais «perdu» 108 000$. Ces dollars, selon lui, j’aurais pu les investir dans un bien immobilier à moi. Même si je ne veux pas de maison ou de condo sur un horizon d’une dizaine d’années, je me suis tout de même mise à l’envisager, évaluant le temps nécessaire pour accumuler une mise de fonds toute seule, la facilité à céder mon bien, les implications financières, etc. Malgré mes positions fermes, j’ai été victime de la pression sociale et je me suis fait prendre au jeu des normes de société. À mon envie, la liberté octroyée par le fait de pouvoir résilier mon bail du jour au lendemain (ou presque, on est d’accord) en vaut amplement les 900$ de loyer «perdu».
Et si on parlait du fait de ne pas vouloir d’enfants pour le moment? On impose aux «femmes de mon âge» (j’avoue que ça me fait très bizarre d’écrire cela) une telle pression pour la procréation. Dès que je vois un membre de ma famille plus éloignée, sa première question est toujours: Et toi, c’est pour quand? Ça casse toujours un peu l’ambiance lorsque je leur réponds que je n’en veux pas pour le moment… Au risque de paraître égoïste aux yeux de la majorité de la population, actuellement, je ne m’imagine pas consacrer une grande partie de ma vie à une autre personne que moi-même. Après avoir traversé quelques années plus difficiles d’un point de vue émotionnel, j’ai besoin de penser à moi et moi seule pour l’instant. Je ne fais pas la sourde oreille à l’horloge biologique si elle finit par sonner un jour, mais je ne me mets pas la pression pour trouver le père de mes peut-être futurs enfants. Les détracteurs me diront qu’à 40 ans: la grossesse est plus à risque, les ovules viables se font plus rares, l’énergie et la patience ne sont plus au rendez-vous autant qu’avant, etc… Sachez, chers détracteurs, que si l’envie d’avoir des enfants me «pogne» à 40 ans, je ferai tout en mon pouvoir pour que cela fonctionne. Et si ce n’est pas grâce à mon propre corps, je me ferai un plaisir d’offrir une vie meilleure à un enfant qui ne demande que cela.
La pression sociale nous dit également qu’il faudrait commencer à mettre de l’argent de côté pour la retraite «dès que nous sommes en mesure de le faire». Je ne suis pas en désaccord avec cette affirmation, mais il ne faut pas seulement en mettre de côté sans prendre le temps d’en profiter aussi dans le présent. Mon papa a mis de l’argent toute sa vie, nous répétant qu’il voulait retourner en Europe «à sa retraite», qu’il voulait recommencer à dessiner «à sa retraite», etc. Ironie du sort, il nous a quittés à l’âge de 56 ans. Il ne s’est jamais rendu à cet endroit mystérieux qu’est la retraite, lieu mystique où se réunissent nos rêves et notre argent. Il n’a jamais pu profiter de ses économies accumulées en travaillant d’arrache-pied pendant toute sa carrière. Nous ne sommes pas à l’abri des aléas de la vie alors il faut en profiter dès que nous en avons l’occasion, en ayant toujours un œil sur notre futur. Dans ma façon de penser un peu utopique, j’ose imaginer qu’en faisant un travail que j’adore et qui me passionne, je ne ressentirai jamais le besoin de prendre ma retraite. J’espère ne pas attendre avec impatience ce moment qui me permettra de faire tout ce dont j’ai toujours rêvé, car j’aurai su en profiter un petit peu tout au long de ma vie.
Je ne peux conclure cet article sans vous parler des voyages, car vous le savez sans doute maintenant, c’est dans cette catégorie que se retrouve la majorité de mes économies. Je suis très consciente que ce choix de vie ne fait pas l’unanimité, mais pour moi, c’est ce qui m’apporte le plus de bonheur et d’épanouissement actuellement. Les voyages ouvrent des horizons jusque-là inattendus. Ils permettent de voir le monde d’un œil nouveau, avec ses cultures, ses paysages et ses traditions qui nous rendent plus riches d’expérience. Au risque de paraître cheesy, je vous partage ma citation favorite: «Le voyage est la seule chose que l’on achète et qui nous rend plus riches». Lorsque je m’envole vers une nouvelle destination, j’en apprends infiniment plus sur moi-même que toutes les introspections de ce monde réunies. La beauté du monde et son étendue me permettent de cultiver ma capacité à m’émerveiller et à apprécier les petites choses de la vie, en tout temps.
Je termine cet article en vous disant de prendre vos décisions en fonction de ce qui est le plus important pour vous. Vous êtes le seul maître de votre destin et aussi l’unique personne qui devra vivre avec vos choix au quotidien. Établissez ce qui est le mieux pour vous en fonction de vos propres valeurs et priorités et évitez de vous laisser prendre au piège insidieux des standards de société. Nous sommes en 2020, n’oubliez pas qu’il peut y avoir plus d’un chemin à suivre et que tous mènent au bonheur, le vôtre. Carpe diem! <3