Comme vous semblez avoir bien apprécié ce concept la dernière fois, cette semaine, le blogue accueille une collaboratrice ponctuelle et anonyme: Maude-Émily. Je vous laisse découvrir sa réflexion quant à l’évolution de son rapport à la sexualité et à l’augmentation de sa libido avec les années.
Avez-vous déjà entendu parler autour de vous que les femmes voyaient leur libido augmenter dans la trentaine? Selon la docteure Nancy Simpkins, bien qu’il y ait une variation individuelle, le pic sexuel chez la femme a lieu à l’âge de 32 ans, comparativement à 18 ans chez les hommes. Cela serait notamment causé par les hormones. Ayant moi-même expérimenté ce phénomène à l’âge de 30 ans et ayant lu l’article de Sophie: « J’ai arrêté la pilule, et voici ce qui est arrivé… », j’ai amorcé une réflexion sur l’aspect mental de ce phénomène, m’amenant à penser que de cette augmentation de libido n’est peut-être pas qu’hormonale. Il s’agit bien là que d’un texte d’opinion qui n’est basé que sur mon expérience personnelle.
Ma vie sexuelle d’adolescente
Comme beaucoup de jeunes filles nées à la fin des années 80, une éducation sexuelle de base m’a été fournie par l’école. J’adorais lire les pamphlets disponibles sur le sujet. Pour moi, c’étaient des genres de guides et de marches à suivre qui me rassuraient bien. Avec le temps, je me rends compte que c’était très pratico-pratique et que l’aspect psychologique entourant la sexualité y était très peu traité. Dans ma famille, la sexualité n’était pas taboue, mais j’éprouvais une honte à poser des questions. Ça rendait la chose beaucoup trop personnelle et réelle (et je suis encore un peu comme ça). Cependant, j’écoutais beaucoup. Ce qui revenait souvent, ce sont les hommes qui faisaient des reproches à leur femme en disant qu’il n’obtenait pas assez de sexe de la part de leur femme. Le fameux «j’ai mal à la tête» qui faisait rire jaune tout le monde ou encore les femmes qui avouaient simuler l’orgasme pour que ça finisse plus vite ou pour ne pas blesser l’orgueil de leur partenaire. Pour moi, c’était donc normal que les femmes ne veuillent pas beaucoup de sexe et que les hommes en demandent constamment. Même son de cloche à l’école… Il était normal que les garçons jouent avec leur engin dans leurs temps libres. En revanche, une fille qui se touchait, c’était une cochonne, une dévergondée. Ne parlons même pas des filles qui avaient à l’occasion différents partenaires, tandis que les garçons pouvaient eux semer à tout vent. Je me rappellerai toujours mon amie qui m’avait dit: «Moi, je n’aime pas le sexe. Je me ferme les yeux et j’attends que mon chum ait fini». Je savais que ce n’était pas la chose à faire, mais je ne me posais pas plus de questions qu’il ne le fallait. Quand je me suis fait un «p’tit chum», j’ai été très chanceuse. Il ne m’a jamais mis de pression et nous nous sommes apprivoisés tranquillement. Cependant, je n’aimais pas trop parler de ce que je vivais avec lui, ni à personne d’autre d’ailleurs. Au fil de la relation, j’aimais de moins en moins avoir des relations sexuelles. Je me disais que c’était normal, que toutes les femmes étaient comme ça. Même si lui avait de la frustration en ce sens, il m’a toujours respecté. La relation est morte d’elle-même après 4 ans de couple et immédiatement après cette rupture, j’avais retrouvé une certaine libido.
Ma vie sexuelle de jeune adulte
Rendu à l’université, les partys étaient de plus en plus fréquents, les soirées dans les bars se multipliaient et j’étais d’humeur «single ready to mingle». J’étais toujours en admiration devant la gent masculine aventureuse et qui prenait de l’espace, moi qui étais plutôt timide. Je n’avais pas le désir spécifique d’avoir des relations sexuelles comme quelques-unes de mes amies, que je jugeais d’ailleurs énormément pour ça. J’avais hautement été choquée d’une amie célibataire qui revenait d’une présentation d’objets sexuels et qui avait dit à une autre amie et à moi : «Bon les filles, il est temps de prendre votre vie sexuelle en main!». Je me rappellerai toujours de cette phrase, mais aussi de mon rire nerveux qui cachait mon indignation et mon inconfort. Ce que je cherchais de mon côté, c’était ce que je pensais à l’époque être de l’amour. Je me suis donc mise rapidement en couple, heureusement avec un «bon gars». Je lui serai toujours reconnaissante de m’avoir donné un peu plus de confiance en moi par ses nombreux compliments. Avant de le rencontrer, je n’aurais jamais osé, au grand jamais, faire l’amour la lumière ouverte ou encore me balader nue. Je me trouvais donc vraiment plus évoluée de ce côté et je trouvais que ma relation avec ma sexualité était des plus saines. Au fil du temps, même patron de relation qui revient, une baisse tout à fait normale de sexualité – selon mes croyances de l’époque – et une frustration internalisée normale de mon conjoint – toujours selon mes croyances. J’ai laissé encore une fois la relation mourir d’elle-même après 9 ans, sans accorder une grande importance à ma vie sexuelle.
La crise de la trentaine
Comme plusieurs d’entre nous, l’arrivée du nombre 30 rimait pour moi avec bilan et constat de vie. Bien que ma relation fût morte depuis au moins 6 ans sans que j’en aille vraiment pris conscience, pour moi, l’approche de mes 30 ans m’a donné le courage de terminer cette relation qui n’avait plus de sens. Même sentiment que précédemment, un retour intense de ma libido. Cependant, les expériences personnelles et professionnelles faisaient que je n’étais plus la même personne. Une certaine maturité et confiance faisait partie de moi. Je m’affirmais de plus en plus, je savais de plus en plus ce que je faisais. J’ai fait beaucoup d’introspection sur ma vie. De plus, la démocratisation de la sexualité féminine couplée au regain du mouvement féministe dans la société m’a permis d’alléger une partie de ce blocage que j’avais à éprouver du désir sexuel. Je me suis donné le droit de désirer des choses. J’ai même fréquenté des sites qui permettaient de rencontrer des partenaires sexuels. On ne se le cachera pas, plusieurs de ces fréquentations ont été très peu glorieuses. Malgré tout, cela m’a apporté plein de belles choses comme comprendre ce qui me plaisait sexuellement, mais aussi que pour moi c’était plus facile de parler de sexualité avec des inconnus qu’à des personnes proches… encore des reliques de ma peur du jugement. De plus, dans des relations plus sérieuses, lorsque des tensions ou disputent survenaient, ma libido diminuait de plus belle. C’est en entendant dans la série Dr Grey «elle a le cœur dans le vagin» que j’ai compris que pour moi les émotions négatives envers une personne venaient complètement couper ma libido. Cette révélation a tout changé pour moi et m’a permis d’amorcer un grand cheminement sur ma vie sexuelle.
Mes constats
J’adore faire des analyses sur ce que je vis (même si c’est parfois douloureux émotionnellement) et sur ce que les autres vivent. C’est donc dans la trentaine que j’ai appris à me connaître. Bien que ma croissance personnelle soit en continuelle évolution, les constats que j’ai pu faire sur ma vie feront peut-être écho à d’autres personnes, peu importe leur sexe ou identité de genre:
- Se libérer du jugement des autres est primordial pour avoir une vie sexuelle épanouie;
- Même si ça semble une évidence, il ne faut pas se plier et subir la sexualité des autres;
- Il faut être responsable de son plaisir: ce que tu aimes, il faut le dire;
- Une relation saine, qu’elle soit de type amoureuse ou uniquement sexuelle, favorise une bonne libido;
- Pour les bonnes personnes pour toi, ta confiance en toi sera plus attirante que ton physique.
Article écrit par Maude-Émily
Nous espérons que le sujet de cet article vous a plu, ainsi que la visite d’une collaboratrice ponctuelle et anonyme sur le blogue. N’hésitez pas à nous partager vos impressions sur cette thématique et à agrémenter la discussion.