Serviette hygiénique jetable ayant un petit bouquet de fleurs blanches par-dessus.
Environnement, Mode de vie, Santé

Pourquoi éviter les produits menstruels jetables?

Au Québec, près de deux (2) millions de femmes âgées de 12 et 51 ans ont des menstruations chaque mois. À l’échelle d’une vie, une femme sera donc menstruée pendant 40 ans, ce qui correspond à 2 500 jours sachant qu’un cycle menstruel dure en moyenne cinq (5) jours. Puisque nous changeons de produits menstruels environ tous les six (6) heures, cela correspond à une utilisation de près de 10 000 unités au total. En tant que femme, il est donc important, voire crucial, d’approfondir nos connaissances sur ce que nous utilisons et qui entre en contact avec cette zone fragile et perméable de notre corps. Dans cet article, je tenterai donc de vous expliquer pour quelles raisons il serait idéal d’éviter les protections périodiques jetables en abordant l’aspect de votre santé, de l’environnement et de vos finances. Dans un prochain article, je poursuivrai sur cette lancée en énonçant les solutions qui existent afin de gérer votre cycle menstruel dans un plus grand respect de votre corps et de la planète.

Les composés chimiques dans les protections jetables

Afin que votre serviette hygiénique ou votre tampon puisse répondre aux attentes, il faut parfois avoir recours à des ingrédients aux propriétés physicochimiques impressionnantes. Les gels que l’on qualifie de «super-absorbants» sont souvent constitués de cristaux de polyacrylate de sodium, un polymère qui peut absorber jusqu’à 800 fois son poids en eau. Cet ingrédient est souvent utilisé dans les couches pour bébés également.

La culture du coton, le textile qui constitue généralement les tampons, en est une qui requiert une grande utilisation de pesticides. Toutefois, au même titre que les fruits et légumes dans les épiceries, il peut subsister des résidus de ces composés après les étapes de récolte et de transformation. On se questionne sur les effets à long terme de l’exposition aux pesticides, qui sont souvent associés à des maladies et troubles neurologiques, des atteintes liées à la reproduction et au développement ainsi qu’à certains cancers.

Afin d’éviter le développement de mauvaises odeurs, des parfums sont parfois ajoutés à vos produits menstruels. Toutefois, on considère généralement les fragrances synthétiques comme ayant le potentiel de sensibiliser et d’irriter les muqueuses et la peau. En cas de réaction, cela pourrait même produire l’effet inverse à celui souhaité en plus de causer des irritations et des rougeurs.

Un autre composé qui peut être retrouvé dans les protections périodiques est la dioxine, un résidu du processus de blanchiment. Tout comme les mouchoirs, le papier hygiénique et les couches, les serviettes hygiéniques et tampons sont blanchis afin de donner une impression de pureté. Toutefois, le chlore utilisé pour blanchir ces produits réagit avec la viscose qu’ils contiennent pour former une substance très toxique: la dioxine. Selon Greenpeace, les effets de cette molécule sur la santé des femmes pourraient inclure l’endométriose, des dysfonctionnements ovariens, une fertilité amoindrie, l’incapacité de mener une grossesse à terme, des changements hormonaux, et le cancer.

Étant donné que la muqueuse vaginale est très absorbante et perméable, les composés dont nous avons parlé peuvent pénétrer dans l’organisme et gagner la circulation sanguine. Comme le corps n’est pas habitué à ce genre de molécules et n’arrive donc pas à les éliminer, celles-ci finissent par s’accumuler au fil du temps. Même si vos produits menstruels respectent la norme autorisée, il ne faut pas oublier l’effet cumulatif de l’utilisation de plusieurs produits qui en contiennent et à la bioaccumulation qui se fait au fil des années.

Les produits menstruels jetables et l’environnement

Selon consoGlobe, en France, une femme utilise en moyenne 290 produits menstruels jetables par an, donc de 10 000 à 15 000 à l’échelle d’une vie. D’un point de vue planétaire, ce sont donc 45 milliards de produits d’hygiène féminine qui sont jetés chaque année… Il faut aussi penser au plastique et autres composants comme le coton et la colle, utilisés dans la fabrication des tampons, serviettes, emballages et applicateurs, qui restent dans l’environnement pour des centaines d’années. En effet, comme pour les bouteilles en plastique, il faut compter 500 ans pour que ces produits à usage unique se dégradent, ce qui fait de l’industrie de l’hygiène féminine l’une des plus polluantes selon Greenpeace. De quoi donner des sueurs froides…

Le problème avec les produits menstruels jetables ne se limite pas qu’aux déchets générés par leur utilisation. Il faut aussi prendre en considération toutes les étapes du cycle de vie, comme les procédés de fabrication qui consomment d’importantes quantités de ressources, les matériaux utilisés pour la conception et les emballages, le transport requis pour la distribution, etc. Prenons encore pour exemple la culture du coton, qui nécessite une grande utilisation d’eau, de pesticides et d’agents de blanchiment. Ces produits chimiques utilisés en cours de fabrication contribuent à polluer l’eau et la terre, en plus de se retrouver comme résidu dans le produit fini.

Les serviettes hygiéniques et tampons jetables contiennent également des microplastiques qui finissent par se retrouver dans les nappes phréatiques, les cours d’eau et les mers, et ultimement dans notre corps (j’ai abordé le sujet dans cet article). En effet, le plastique se retrouve dans toutes les parties des protections périodiques, de l’emballage jusqu’à l’applicateur en passant par la partie absorbante et même la ficelle. Ce que l’on doit retenir, c’est que les protections jetables ne le sont pas autant que ce que l’on pourrait penser, en raison de la multitude de matières qu’elles contiennent et de la persistance de ces composantes dans l’environnement.

Quand protections périodiques riment avec dépenses récurrentes

En se basant sur la moyenne pour une personne, l’utilisation de produits menstruels jetables représente donc une dépense annuelle d’environ 80$, soit 72$ en utilisant des serviettes hygiéniques ou 86$ pour les tampons. Cette somme pourrait diminuer à 56,40$ en privilégiant des options bon marché, mais n’oublions pas qu’une baisse de prix s’accompagne souvent d’une baisse de qualité au niveau des matériaux utilisés. Sachant qu’une femme est menstruée pendant 40 ans, on parle d’un montant total d’environ 3 200$ pour la gestion de son cycle menstruel. Les protections réutilisables ont un prix d’achat plus élevé que les jetables, mais leur durée de vie permet de faire des économies dans le temps. En effet, le coût d’acquisition est très rapidement amorti, mais nous aurons l’occasion d’en parler plus en profondeur dans le prochain article.

«Les produits jetables signifiaient également que les femmes devraient s’approvisionner tous les mois, ce qui les enfermait dans des décennies d’achat.»

National Geographic

Dans cet article, nous avons survolé les raisons pour lesquelles il serait judicieux d’éviter l’utilisation de produits menstruels jetables. En effet, ceux-ci contiennent des ingrédients qui ne sont pas nécessairement compatibles avec les muqueuses vaginales, ont des impacts négatifs sur l’environnement dans plusieurs étapes de leur cycle de vie en plus de générer des dépenses récurrentes pour les femmes. Ne vous en faites pas, je vous prépare un deuxième article qui énoncera les solutions de remplacement qui s’offrent à vous afin de vivre votre cycle menstruel dans un plus grand respect de votre corps et de la planète.

Sources :

·       Faciliter l’accès aux produits menstruels – Le Conseil du statut de la femme

·       Consommation mondiale de serviettes hygiéniques – consoGlobe

·       Ces substances que nous cachent… les protections intimes – consoGlobe

·       Protection menstruelle : quels sont les produits les plus écologiques? – Radio-Canada

·       Comment les protections hygiéniques sont devenues si polluantes – National Geographic

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